Sortir de l’emprise

STOP aux violences faites aux femmes !

 

Résumé

Comment survivre aux méfaits et délits d’une personne dont la folie dissimulée n’apparaît qu’à huis-clos ? Apprendre à repérer le polymorphisme des pathologies impliquées est plus compliqué qu’il n’y paraît quand il se joue dans l’intimité du couple. En situation d’isolement, il n’est pas aisé de regarder sa réalité évoluer vers l’enfer. Les tortures psychiques, psychologiques, les violences physiques, toutes les formes de violence conjugale, l’emprise, le harcèlement moral, assénés quotidiennement nuisent gravement à la psyché de la victime. Nous devrions toutes et tous y être préparées, préparés pour sortir des mécaniques perverses mises en place, le plus tôt possible. Pour toutes celles, à tous ceux qui penseraient pouvoir sauver un être malgré lui, il sera difficile d’accepter de ne pouvoir lui porter aucun secours. Le risque de s’y attacher poussera vers la dépendance affective pour ce qui s’avèrera n’être qu’illusions. Car en effet, l’auteur des violences ne peut être sauvé quand il n’admet pas sa responsabilité propre. Il condamne sa compagne, son épouse en l’accusant de le pousser à ces agissements. L’amour porté à l’auteur des effractions psychiques ne peut cesser qu’à la prise de conscience de la nature d’objet de la victime. Il faut beaucoup de courage pour rassembler toutes ses ressources et trouver le salut par l’exil. Cette traversée du désert commence au sein de ce lien pervers. Fuir, fuir brisée, fuir brisé mais fuir. C’est la seule option pour reprendre le cours de sa vie et s’accomplir.

La genèse

Responsable commerciale puis Responsable Marketing jusqu’en 2016, ma vie professionnelle a été riche d’apprentissages et dépassement de soi. Côté extra-professionnel, outre mon intérêt pour les sports cardio, je me suis toujours employée à écouter mon entourage. Entendre activement les maux de celles et ceux qui en exprimaient le besoin. Cette préoccupation était aussi instinctive que majeure. Dans une dynamique d’aide, je leur relatais des expériences similaires. Je tentais d’offrir des pistes alternatives possibles. Par la suite, il m’est apparu que chacun réagit en fonction de son histoire, de son système de croyances. Chacun fait de son mieux, ignorant souvent lui-même, les raisons inconscientes de ses motivations et comportements.

Première rencontre avec la Kinésiologie

Lorsque mes enfants étaient adolescents, j’ai été rattrapée par mes propres freins. J’ai alors consulté une kinésiologue. La première séance portait sur ma difficulté à laisser mes adolescents grandir. Cinq séances m’ont permis de rétablir le lien adéquat entre nous. Leur départ du foyer ne serait pas synonyme d’abandon. Les montagnes n’étaient plus que des barrières à faire tomber. Passer l’obstacle devint possible, aisément et en souplesse. Les transformations ont eu lieu. J’ai repris ma vie en main. Mes enfants ont pu faire leurs choix existentiels. Nous avons chacun retrouvé une forme de liberté tout en restant soudés.

Les séances reçues, en qualité de cliente, se sont effectuées dans l’urgence de la douleur. Je n’ai, à l’époque, pas continué à prendre soin de moi, par ce canal. J’étais trop occupée à gérer mes responsabilités. J’ai compris, plus tard, que j’aurai pu gagner un temps précieux sur la découverte de mon essentiel. J’aurai pu accéder plus vite et plus tôt à l’harmonie avec moi-même. Je disposai d’une clé d’accès, sans en saisir toute la portée.  Sans savoir qu’elle ouvrait autant de portes. L’existence n’avait pas fini de me surprendre ni de me transmettre ses enseignements.

Les violences conjugales au nom de l’Amour

Bien que femme tout à fait ordinaire, j’ai mis les pieds dans une aventure humaine extraordinaire. J’ai plongé sans réserve, dans l’essence du lien perverti au sein du couple, du mariage.

Les violences assénées au nom de l’amour ont débuté par la violence verbale. 

Les phrases mentionnées ci-après sont les plus douces entendues. Le choix est fait de ne relater que des choses entendables. Aucune volonté de donner dans l’hyper émotion n’a guidé la rédaction.

Ces paroles, prémices d’attaques beaucoup plus graves ont eu raison, pour trop longtemps, de mon espace vital :

  • « je suis très très jaloux parce que je suis fou amoureux de toi », 
  • « je vais trop loin, je dérape parce que j’ai peur de te perdre », 
  • « je suis un vrai…, mais tu es la femme de ma vie, notre amour est si exceptionnel que l’on va s’en sortir, je te le promets », 
  • « je suis un homme comblé à tous les niveaux, je ne te tromperai ni ne te quitterai jamais ….suivi de…. si tu m’aimais tu verrais toutes les femmes qui me regardent avec envie », 
  • « je m’énerve parce que tu ne m’aimes plus »… 

Les signes de la violence conjugale

Les affres et la dévastation occasionnés par l’auteur de ces violences conjugales, verbales, psychologiques et physiques me sont devenues intimes. Les processus, finement décrits par Paul Claude Racamier, Alberto Eiguer, O. Kernberg, je ne peux les citer tous, sont très représentatifs du vécu des femmes violentées par un fou à temp partiel. En effet, la dissimulation des troubles psychotiques auprès de la bonne société ne fait qu’amplifier le désarroi de la victime. La documentation née de l’observation des troubles psychopathologiques confirme, par les mots, les mécanismes mis en place dans ces relations perverses :

  • modélisation parfaite de l’incarnation de l’amour idéal et grandiose, 
  • une vie commune extrêmement rapide puis,
  • alternance d’injonctions paradoxales,
  • mensonges caractérisés, 
  • asservissement affectif…puis
  • escalade en intensité, en récurrence,
  • éruptions de colère inopinées, 
  • insatisfaction et conflit permanents,
  • violences psychologiques, 
  • violences verbales,
  • violences physiques, 
  • offensives virulentes sur la personnalité puis rejet total de celle-ci,
  • dénigrements,
  • dévalorisations,
  • menaces de tous genres,
  • utilisation de l’entourage passé et présent à des fins nocives, 
  • attaques à la réputation,
  • assertions intrusives, disqualifications,
  • effractions psychiques par tétanisation,
  • insultes,
  • crises de jalousie maladive,
  • culpabilisation à outrance,
  • projections d’intentions perverses,
  • destruction des preuves de la communication perverse,
  • camisole par l’isolement… 

Tout cet attirail destiné à la torture de celle, celui qui l’aime tant est utilisé en alternance avec des messages paradoxaux de valorisation. Le maintien en état d’emprise et de dépendance affective n’est possible que par la dispensation épisodique d’effets d’annonces inverses (« tu es merveilleuse, merveilleux, je ne peux pas vivre sans toi », « Dieu a entendu mes prières pour trouver l’amour », « je suis un homme comblé, je ne te tromperai jamais ni ne te quitterai », « je te dis que j’ai de multiples aventures mais tu sais très bien que ce n’est pas vrai »…). Ce qui s’avèrera n’être que des flatteries de l’égo, seront distribuées en rafales au début, puis s’espaceront. Viendra l’époque du flot ininterrompu de calomnies et d’ignominies, témoin de tout son mépris pour celle qu’il a tellement voulu mener devant l’autel. Celle-là même qui mobilise toute son énergie pour lui faire la preuve de son amour.

Cette emprise infligée a des effets délétères sur toutes les victimes. Elles s’appliquent plus ou moins intensément en fonction de la nature de la relation. Le lien sera amoureux, familial, amical ou professionnel. Tous épousent une souffrance commune, conjointes, conjoints, collaboratrices, collaborateurs, amies, amis, enfants, parents, pères, mères (parce que oui, la perverse, le pervers, a été, est encore, l’enfant de quelqu’un). La valeur intrinsèque des victimes est immolée en faveur de la survalorisation de celle, celui, qui nourrira mésentente et conflit permanents.

Le cheminement pour en sortir

Mon parcours de formation de Kinésiologue a validé qu’il est possible de retrouver le sens de l’existence malgré la violence des assauts endurés. Les premiers pas vers la réappropriation de sa vie passent par la réaffirmation progressive de son identité. L’asphyxie mentale subie au sein de cette relation pervertie a pour but de rendre la proie servile. Lorsque ce point est envisagé, reprendre un raisonnement logique permet la vérification d’hypothèses. Constater par l’exemple que la soumission précipite dans l’asservissement de plus en plus radical. Expérimenter toutes actions positives sur l’auteur des violences, démontrera l’improbabilité d’émergence d’une accalmie durable… Peu à peu, le réalisme, bien que modifié à coups de semonces et jugements péremptoires, reprend ses droits. L’illusion perd peu à peu de ses couleurs. Les tentatives d’apaisement, de réassurance sont vaines. Les démonstrations d’engagement sont discréditées. Les velléités de relations équitables sont anéanties. Les aspirations identitaires sont consumées sur l’autel du sacrifice. Jusqu’à la prise de conscience que la relation est fondée sur le mensonge et la volupté. Mais le piège affectif s’est déjà refermé sur soi. Il est souvent déjà bien tard. La nuit bien avancée. Pourtant, un halo de lumière parvient jusqu’à cette âme épuisée. L’information qui sauve circule. Le repli concédé par besoin de répit n’est pas étanche. Le flagrant décalage entre les motivations sincères et les intentions projetées éclaire sur la manipulation. La duplicité est démasquée. Les procès d’intentions sont des projections de ce que la conscience adverse condamne. Projeter, c’est évacuer sur l’autre ses agissements pollueurs. Ces méfaits et duperies sont jugés intolérables, par là même leur auteur qui tente de les propulser à l’extérieur. Les victimes, animées par un besoin inné de préservation, reprennent conscience que l’étincelle de vie doit être préservée. Pas à pas, cette flammèche gagne en ardeur jusqu’à reprendre sa place de guide. La détermination à vivre et à s’accomplir reprennent de leurs saveurs. Malgré les perspectives éprouvantes et alarmantes qui s’offrent, le saut de l’ange sera la seule voie de salut. Fuir, partir pour reconstruire en dépit de ce champ de ruines.

Chercher de l’aide

Focaliser son énergie sur son essentiel est fondamental. Prendre le temps de définir son être, ce qui le décrit au mieux sera comme une échelle sur laquelle il sera possible de s’accrocher. L’essence de la vie renforcée, la sollicitation d’aide externe est facilitée. La démarche vers l’extérieur, empêchée par la honte et le sentiment de culpabilité acquis, devient évidence. La rapidité à se reconnecter aux êtres qui comptent infailliblement pour sortir du piège de l’isolement, et parler sera déterminante. La disparition de sous les radars n’est qu’accessoire. Les personnes qui comptent vraiment, tendront la main. Quand le corps et le mental sont unis pour sauver la vie, les miracles, les surprises, les solutions arrivent sans plus grand effort. L’alignement corps-mental est la clé de voûte des progrès. Dès lors, la reprise de contact est facilitée. Ainsi que l’ont décrit les grecs anciens, les liens d’amour « philia », d’amour « Agapé » viendront à bout de tout. Enfants, familles, amis répondront présents. Les professionnels de la Santé ayant une bonne connaissance du sujet, les cellules d’écoute spécialisées, les collectivités territoriales, les organismes d’état, les associations, les fonctionnaires de Gendarmerie, de la Police Nationale sont très bien formés à ces désespoirs dramatiques. Ils accueillent les victimes sans les discréditer ni les juger, même s’il faut faire la preuve du vécu traumatique[23]. Sur l’impulsion d’organisations sensibilisées, les institutions gouvernementales ont mis en place des campagnes de communication. L’éducation préventive à grande échelle permet l’intervention d’anonymes. Informés, sensibilisés, ils apportent aide, confiance et soutien.

La route vers la sortie du tunnel est sinueuse et tortueuse. Elle requiert l’indulgence et la patience des accompagnants. Ils écopent, ils essuient les effets des coups portés à la victime. Même si elle est difficile, la sortie vers des jours adoucis est possible.

Pourquoi en parler à mon tour ?

Il n’est pas ici question de diaboliser, ni de juger les schémas adverses. Ceux-ci doivent faire l’objet de thérapies avec des professionnels de la santé aguerris à ces pathologies multiples. Verbaliser cette expérience a pour but d’avertir, informer les potentielles victimes. Formuler les étapes de la sortie du piège affectif a vocation d’offrir des pistes de solutions. Il a aussi l’ambition de concourir à la diffusion de l’information que le risque réel existe. L’accident n’arrive pas qu’aux autres et les cibles privilégiées sont parmi les personnalités les plus solaires au départ. La connaissance des techniques terroristes, car les pervers sont des terroristes, doit permettre de s’échapper au plus tôt de la relation. L’idéal étant d’être suffisamment informée, informé pour ne pas y pénétrer. Parce que sortir et guérir de l’emprise d’une personnalité Borderline, perverse, paranoïaque en particulier si les troubles sont multiples et combinés n’est pas un parcours angélique. Cette guérison émotionnelle ne peut s’engager qu’au moyen d’émotions contraires aux initiales. La victime, en désespoir de cause, tentera de se défendre malgré ses peurs glaçantes, paralysantes. Les mise en péril quotidiennes propulsent vers des stratégies inédites d’autoprotection. Seule la fuite définitive de la relation toxique sera salvatrice. En effet, la soif insatiable de dominer, soumettre, contrôler, saboter, détruire la victime, aura raison de tous les raisonnements et plus nobles intentions.

Demandez et vous recevrez

En fuyant, la proie renoue avec l’énergie vitale transmise au début de la vie. Pour la préserver comme un joyau, des ressources lui sont indispensables. Aide reçue, oui, mais aussi et surtout récupérer son propre élan vers soi. Aller chercher l’oxygène indispensable pour retrouver une pensée saine dans un corps sain, dans l’équilibre. S’accepter dans son entièreté individuelle avec ses belles facettes et celles qui le sont moins. Aimer les valeurs qui définissent sa propre identité nécessite une introspection sincère. Matérialiser le respect de son altérité consistera à affirmer son identité et ses idées. Mais aussi, et surtout il est indispensable de récupérer la belle partie de soi que s’est approprié la personne pathologique. Dès lors, des évènements positifs inattendus, crus à tort improbables, s’enchaînent. Les mains se tendent. Il suffit de demander et demander encore.

Les enseignements de ces épreuves n’ont fait que renforcer mes convictions. Tout un chacun a un dessein de réalisation personnelle à accomplir. Une compétence, un savoir… à acquérir pour le transmettre à son tour. La quête de sens au « pourquoi j’ai laissé faire ? » interpelle sur une difficulté fondamentale à résoudre. La force nécessaire à la résolution du problème impulsera vers une forme de vie encore plus authentique.

Stop aux violences, je dis OUI ! Et vous ?

Femmes, hommes, enfants qui vivent les violences conjugales, les violences au travail, les violences à l’école ont besoin d’aide pour guérir des effractions psychiques endurées. Les besoins de renforcement de la sécurité intérieure, de l’estime de soi, de la connexion à soi peut mener à ces dégradations situationnelles extrêmes. S’obstiner à chercher à l’extérieur ce qui est pourtant disponible à l’intérieur, mène au stress chronique, l’inhibition et au faux sentiment d’impuissance. Aller rapidement à l’essentiel, connaître les rouages impliqués, permet d’identifier les pertes de ressorts indispensables à l’extraction. Cette extraction du lien corrompu est l’étape indispensable aux possibles guérison et reconstruction. Et vous, où en êtes-vous ?

La volonté de guérir

Un moment d’arrêt reste un passage obligé pour le rétablissement et la guérison de l’être. La sensation d’être temporairement en sursis pourrait surgir. Il s’agira de laisser le temps au temps. Chacune, chacun, voudra se soigner, à son rythme, sans juger ni forcer. Dépasser la sous-existence induite par la relation malveillante, toujours à huis-clos, requiert une forme de créativité. Façonner sa voie de résilience pour guider ses pairs passe par l’expression. Celle-ci peut revêtir plusieurs formes : l’art, l’aide aux autres, l’écriture, le ralliement… L’essentiel est de la mettre en acte. La victime a besoin d’être apaisée et reconnue. Elle a besoin de confirmer qu’elle n’est pas folle, que tout cela a bien existé. Qu’elle n’a pas rêvé. Ensuite, elle pourra écouter, regarder et reconnaître les empreintes laissées sur des tiers par des faits similaires. Accueillir les victimes, pour un moment, permettra de transmettre les clés en notre possession. Accompagner les personnes dans le besoin pendant les franchissements d’étapes les encouragera à lâcher-prise. Les relations perverties peuvent s’être construites sur le modèle du triangle dramatique de Karpman (bourreau, victime, sauveur). Tenir la main jusqu’à l’émergence du libre-arbitre éclairé, le temps du vrai choix permettra d’échapper à ces scénarios délétères. Les victimes s’accablent souvent de n’avoir pas pu s’échapper de cette adversité perverse. L’incompréhension flotte autour d’elles concernant les raisons pour lesquelles elles n’ont pas su se révolter face à cette absence de limites décrétée par celui ou celle qui a tenté de les briser. Les accompagner sur le chemin de l’indulgence pour elle-même initiera l’œuvre de résilience qui leur appartient.

Agir en aidant les victimes à s’en sortir

Accompagner les victimes de violences passées ou présentes, au moyen de la kinésiologie m’est apparu comme une évidence. Actionner chez mes pairs le réveil puis la mobilisation des ressources est devenue une impérieuse nécessité. A elles et eux, de s’engager dans la conquête de leur puissance personnelle, pour la vie.