Principe d’ EXCES / CARENCES ET PHENOMENES D’ADAPTATION

La revue Médicale suisse, en 2016, mettait en rapport les effets du cortisol -hormone du stress- avec les capacités corporelles d’adaptation. Une surproduction ou, à l’inverse, une déficience de cortisol ininterrompue, peut pénaliser sévèrement l’organisme. Elles conduisent à un « appauvrissement des ressources énergétiques et un effondrement des défenses physiques, psychologiques et immunitaires ».[1]

Il existe de nombreuses stimulations stressantes qui peuvent provoquer ces modifications hormonales délétères. Les situations prolongées de stress au sein du couple, au sein de la famille, endommagent sévèrement les capacités de la personne à s’ajuster. C’est vrai aussi en milieu professionnel où les collaborateurs doivent s’adapter sans cesse au changement. Des douleurs inexpliquées et une fatigue intense peuvent alors surgir.

 

Ce principe d’ EXCES/CARENCES se retrouve dans tous les phénomènes de la nature, exemples d’adaptation

 

Tentatives d’adaptation aux situations de la vie courante :

Trop de soleil : je m’abrite à l’ombre

Pas assez de soleil : je mets une petite laine

Trop de travail : je recrute

Pas assez de travail : je cherche des clients

 

Trop de relations sociales : j’organise des moments pour moi

Pas assez de relations sociales : je téléphone à mes amies

 

Trop de sel dans mes pâtes : je rince mes pâtes

Pas assez de sel dans mes pâtes ; j’en ajoute

 

Trop de bruit : je ferme la fenêtre

Pas assez de bruit : j’invite mes neveux pour le weekend

 

Trop d’odeurs de cuisine : j’ouvre la fenêtre

Pas d’odeurs de cuisine : ça me va 😉

 

Trop d’activités physiques : je fais une pause

Pas assez d’activités physiques : je ne prends plus le métro pour aller au boulot

 

Trop ou pas assez, moult solutions sont possibles pour rendre au corps sa satisfaction à l’instant présent.

Chacune, chacun règlera à sa façon l’inconfort considéré.

Quand les émotions entrent en scène, la régulation devient plus complexe.

Pensées possibles quand les EMOTIONS PRIMAIRES sont en EXCES ou CARENCE :

TROP… PAS ASSEZ, quelques exemples :

– PEUR : 

Trop de peur : je n’y arriverai pas

Pas assez de peur : je ne crains rien ni personne

– COLERE :

Trop de colère : Personne ne voit tout ce que je fais

Pas assez de colère : je souffre en silence

 – TRISTESSE :

Trop de tristesse : je ne vois pas le bout du tunnel

Pas assez de tristesse : personne ne me comprend

 – JOIE :

Trop de joie : je ne vais pas au bout de mes projets

Pas assez de joie : les autres me trouvent triste

 – DEGOUT : 

Trop de dégoût : je ne supporte plus…

Pas assez de dégoût : Je laisse aller

 – INQUIETUDE : 

Trop d’inquiétude : ET si, et si…

Pas assez d’inquiétude : je suis comme je suis, c’est à prendre ou à laisser

Pensées possibles quand des EMOTIONS SECONDAIRES sont en EXCES ou CARENCE :

– MEFIANCE :

Trop de méfiance : Si quelqu’un me parle dans la rue, je n’écoute même pas

Pas assez de méfiance :  Je laisse ma porte entrouverte quand je vais chercher le pain

– AGRESSIVITE :

Trop d’agressivité : Mes mots dépassent mes pensées

Pas assez d’agressivité : Je me sens impuissante

– SENTIMENT DE HONTE :

Trop de honte : J’attire toujours le même type d’homme

Pas assez de honte : Je fais ce que je veux, quand je veux

– SENTIMENT DE CULPABILITE :

Trop de culpabilité : Personne ne peut m’aider

Pas assez de culpabilité : C’est elle qui me pousse à bout

– OPTIMISME :

Trop d’optimisme : Elle reviendra, c’est sûr

Pas assez d’optimisme : je n’y arriverai pas sans toi

En Kinésiologie, on recherche les facteurs causes de l’état d’esprit non désiré. La défusion évènements-émotions dépotentialise l’angoisse du futur. Dans l’apaisement, la consultante, le consultant atteint la pondération recherchée. L’ancrage dans le présent est acquis et stable. L’engagement vers le futur est serein.

Le fléau de la violence, le principe d’excès et de carences prédomine

La carence, l’excès naissent de l’interdiction

Décider de changer d’état d’esprit par la seule volonté de l’esprit n’aura que des effets temporaires sur les pensées et comportements. Ne dit-on pas :  « Chasse le naturel, il revient au galop » ? Les émotions exacerbées ou inhibées sont un vrai sujet. Elles sont parfois le résultat d’une émotion qui fut non autorisée dans l’enfance. Un petit garçon auquel les parents confisqueraient les livres tant, il aime lire, cachera, par la suite, sa joie par un voile de tristesse lorsqu’il en recevra un en cadeau. Cette stratégie protégera son désir de profiter de cet instant privilégié. Cette tristesse perdurera à l’âge adulte et pourrait créer une incompréhension de l’entourage. Une petite fille qui n’aurait pas le droit d’exprimer sa colère contre son frère aurait de fortes probabilités de grandir, de se construire dans une ambiance d’aigreur et de ressentiment. Ce ressentiment pourrait tourner au sentiment de culpabilité qui n’est autre qu’une colère tournée contre soi. A terme, devenue femme, elle pourrait soit en contre pied, rencontrer des difficultés d’attachement, soit devenir vulnérable et avoir du mal à se faire respecter.

Que faire pour rétablir l’équilibre dans l’expression de ses émotions ?

Quand une émotion est refoulée, elle laisse sa place à une autre. De fait, les émotions vont s’amalgamer, s’additionner. Des mécanismes de sur-adaptation apparaissent. Le bien-être, les capacité d’ajustement aux situations sont fortement impactés et un système de souffrance inutile se met en place. Supprimer les points bloquants, réharmoniser l’équilibre corps-mental permettra une gestion saine et adaptée aux situations, un angle de vue plus large pour soi et son entourage.

Les situations de violence et de harcèlement

Une personne qui subit des attaques, des affronts, chocs,  et autres humiliations… sera conduite, malgré elle, à des troubles généralisés. L’article « Stress, bases neurobiologiques et neuroendocriniennes » publié par l’Inserm en 2011 [2] est éloquent de vérité et s’applique aussi aux situations familiales.

En effet, les relations sociales complexes, voire toxiques sont souvent à l’origine de sévères défaillances émotionnelles et cognitives. Le harcèlement psychologique, psychique, les violences physiques, les dénigrements, les  dévalorisations, les humiliations, les insultes, l’isolement, la solitude imposée, l’iniquité, l’exclusion sociale sont autant de souffrances subjectives qui activent quotidiennement le circuit de la douleur. Des femmes, des hommes, des enfants « ordinaires », sont soumis à des tourments extraordinaires Quand les détresses psychiques conséquentes se prolongent, le principe de plaisir s’étiole jusqu’à s’évanouir.

Si rien ne change

Si rien ne change, alors les blessures détruisent la conscience de soi qui s’évapore au bénéfice d’une apathie et inertie invalidantes. Le rapport au temps s’anémie.

Les risques de dépression, d’attitudes autodestructives sont engagés car le ressourcement personnel n’est plus possible. La vulnérabilité croît de façon graduelle et croissante.

Les facultés d’évaluation s’engourdissent. Les moyens d’ajustements qui favoriseraient la découverte de solutions deviennent moins accessibles.

Les souvenirs traumatiques induisent le sentiment de détresse

L’assujétissement asphyxie la victime. Entre évènements violents répétés -au gré de leur auteur- et souvenirs intrusifs, la conscience se fige. Les observations de P. Gagnepain et al. publiées dans le « Journal of Neuroscience » amènent à penser que la difficulté à maîtriser la résurgence de souvenirs traumatiques, associée aux affects négatifs persistants, conduisent à une détresse prolongée dans le meilleur des cas[3]. Depuis les années 1980, les troubles liés à la souffrance psychique acquise n’est plus vue comme l’apanage des faibles, ni attribuée à une vulnérabilité individuelle. Des liens d’attache sains aux figures de l’enfance ne protègent pas davantage de ces types d’agressions.

Les effets des violentes décharges émotionnelles sur le SIA (Système d’Inhibition de l’Action)

Des évènements traumatiques récurrents accompagnés de fortes décharges émotionnelles, sensorielles, endommagent sévèrement la joie de vivre et tout avènement de projets. L’affliction s’enkyste malgré la volonté de la victime. Les douleurs deviennent chroniques. Surviennent, de facto, des altérations cognitives, sociales et émotionnelles. Les études réalisées en neurosciences ont montré de substantielles modifications de la physionomie cérébrale dans le cas de stress majeurs (cortex pré-frontal, l’hippocampe et l’amygdale). Les personnes exposées de façon chronique au rejet, à la privation de lien social, à la privation de lien affectif, puis, à des leurres d’améliorations peuvent devenir victime d’une activation du Système Inhibiteur de l’Action (SIA). Elles seront, prises dans un étau où ni la lutte, ni la fuite ne sont plus envisagées comme possibles. Le pouvoir de décision s’éteint, le sentiment d’impasse prédomine.

 

La carence en pouvoir de décision est dangereuse

L’inhibition de l’action conduit le cerveau à remanier les sécrétions hormonales dans le but de préserver la vie. Or, ces reflexes du cerveau et du corps pour diminuer douleurs et souffrances, ont, à terme, des effets délétères sur le système immunitaire. Ne percevant pas d’autre issue que la passivité, l’attention, la mémoire de travail, la mémoire spatiale, la mémoire de la peur, l’adaptabilité, les apprentissages, et l’anxiété sont très impactés [4].

Pourquoi les victimes de violences, de harcèlement ne fuient-elles pas plus tôt ?

Pour supporter le poids de la sidération, induite par la violence et/ou le harcèlement, le cerveau déclenche inconsciemment des attitudes d’évitement et favorise un engourdissement des pensées et des sensations physiques. Plus tard, ce refoulement laissera la place à un blâme persistant tourné vers soi la plupart du temps. En découlera une vision amoindrie et réductrice de son identité. L’idée même d’un possible avenir peut être anéantie du fait des peurs qui se dessinent en arrière-plan. Les processus mis en place suite à la violence, le harcèlement décuplent les carences d’estime et de confiance en soi. Par contre, les frustrations, les peurs, la tristesse, les sentiments de honte et de culpabilité, d’horreur. quant à eux se développent. Les repères internes ayant disparus, le cerveau élabore des tentatives de récupération par une sorte d’anesthésie des sens. Cet endormissement des sensations est un processus de survie. Sans écoute active et apports extérieurs vivifiants, le seuil de tolérance à la douleur poursuivra sa croissance exponentielle. Si vous êtes dans cette situation ou connaissez une personne qui traverse cet état, il est urgent d’intervenir et de l’aider. Obtenir une aide extérieure est vital.

Sources :

[1] D. MARTIN DU PAN, « Burnout , dépression , syndrome d’adaptation et cortisol », p. 2037‑2038, 2016.

[2] Etude INSERM – «Stress au travail et santé. Situation chez les indépendants»

[3] J. H. and M. C. A. Pierre Gagnepain,  Article Research Articles, «Behavioral/Cognitive Memories, Parallel Regulation of Memory and Emotion Supports the Suppression of Intrusive », Journal of Neuroscience, 2017.

[4] M.-P. Moisan et M. Le Moal, «Le stress dans tous ses états», Médecine/Sciences, vol. 28, no 6‑7, p. 612‑617, 2012,